Arroser son jardin, ses plates-bandes, ses pots de terrasse, ses petits arbustes ou ses plants de tomates en serre, une goutte à la fois, peut sembler hors du possible. Le procédé communément appelé : micro irrigation ou arrosage goutte à goutte est pourtant bien à point et permet d’économiser temps et eau, cette ressource renouvelable, mais non illimitée!
Qu’est-ce que l’arrosage goutte à goutte ?
La micro-irrigation est l’innovation la plus importante dans le secteur de l’agriculture depuis l’invention des asperseurs dans les années 1930. L’asperseur est un l’arroseur statique à impulsion rotative qui projette l’eau à de grandes distances. Pour certains, ce système est davantage un souvenir de rafraîchissement lors des canicules. Vous vous souvenez?
…Bien qu’amusant, c’est un système peu adapté pour les jardins et les plate-bandes, laissant passer plus de 70% d’eau par évaporation. Heureusement, la micro-irrigation goutte à goutte a fait son apparition et s’avère plus écologique.
Selon le Jardin botanique de Montréal, la micro-irrigation goutte à goutte est une des meilleures méthodes d’arrosage pour une utilisation optimale de l’eau, puisque libérée au sol là où elle est nécessaire, comparativement à l’arrosage par aspersion. De ce fait, la pousse des mauvaises herbes s’avère réduite au minimum.
“La diffusion s’effectue doucement, sans tasser le sol; les pertes d’eau par évaporation sont limitées et le feuillage des plantes n’est pas mouillé, ce qui réduit les risques de maladies fongiques.”
– Jardin botanique de Montréal
Un peu d’histoire
L’irrigation goutte à goutte s’est développée en Allemagne vers 1860, à partir de tuyaux d’argile. Avec l’arrivée des plastiques après la Seconde Guerre mondiale, les microtubes et divers types d’émetteurs ont vu le jour. Toutefois, la technologie moderne d’irrigation goutte à goutte, telle que connue aujourd’hui a été inventée en Israël par Simcha Blass et son fils Yeshayahu. Au lieu de libérer l’eau par des trous minuscules, facilement obstrués par des particules minuscules, l’eau est libérée par de plus grands et plus longs passages en employant le frottement pour ralentir l’eau à l’intérieur de l’émetteur en plastique. Leur premier système expérimental a vu le jour en 1959. Les pays au climat plus aride, tels que l’Afrique et l’Australie, s’en sont réjouis. Puis, le concept s’est répandu en Europe, aux États-Unis et croît tranquillement au Canada.
Le procédé et ses composantes
La micro-irrigation a pour but d’automatiser la juste distribution de l’eau pour assurer le développement optimal des plants. L’eau est apportée près de la zone racinaire grâce au principe de modularité des programmateurs (minuterie d’arrosage), détendeurs de pression d’eau (centrale d’irrigation), tuyaux résistants aux UV (conduites d’alimentation et de raccordement) et différents types d’émetteurs communément appelés goutteurs ou asperseurs. Aujourd’hui, grâce à l’innovation des systèmes au fil des ans, les pièces s’emboîtent comme des blocs Legos.
L’idée est de laisser l’eau s’égoutter lentement vers les racines des plantes, soit en coulant à la surface du sol à l’aide d’un tuyau placé en surface, nommé arrosage goutte à goutte de surface ou en irriguant directement la rhizosphère (la région du sol où les racines prennent forme) à l’aide de tuyaux installés dans le sol. On peut alors parler d’arrosage goutte à goutte enterré.
Goutte à goutte en surface
L’arrosage goutte à goutte de surface est utilisé d’une part, pour les petites surfaces de plantes comme les jardins, potagers et pots à fleurs. D’autre part, le système s’applique aux plus grands plants et arbustes. Chaque goutteur peut verser de 1 à 20 litres par heure.
Il est possible d’agrandir son coffre à outils avec quelques accessoires pouvant répondre à des besoins spécifiques, notamment en ajoutant à la pièce, des connecteurs, micro-asperseurs, conduites de raccordement et d’alimentation, goutteurs de fin de ligne réglable, goutteurs en ligne, distributeurs d’engrais, etc. Le réseau d’irrigation prend de l’expansion au gré de vos projets.
Arrosage goutte à goutte enterré
Installé dans le sol où il n’est pas visible, le système de goutte à goutte enterré sert à l’irrigation des plantes de bordures et des pelouses. L’écart des goutteurs est d’environ 30 cm le long de la conduite et chaque goutteur peut verser doucement 1.6 litre par heure. Les goutteurs se referment automatiquement, ce qui les protège de la saleté. Ils sont munis d’une barrière anti-racines qui les empêche de pénétrer dans la conduite installée dans le sol. La pression de l’eau est identique pour garantir une irrigation uniforme.
Programmer une juste part d’eau
Il existe différentes minuteries d’arrosage pour gérer l’utilisation de l’eau de manière optimale. Certains systèmes offrent la possibilité de contrôler la durée et la fréquence de l’arrosage en sélectionnant directement le type de sol et la végétation, de manière à créer des cycles préprogrammés. D’autres sont associés à une sonde d’humidité ou à un pluviomètre permettant aux plantes de recevoir la quantité exacte d’eau, notamment pour la floraison. Il est possible d’ajouter des engrais liquides dans un distributeur intégré au système afin de favoriser davantage la pousse.
La minuterie est branchée directement à une sortie d’eau extérieure et connectée au tuyau principal (conduite d’alimentation). Il suffit d’ouvrir le robinet et d’entrer les commandes dans le programmateur d’arrosage. Il est également possible de puiser son eau dans un baril de pluie. L’utilisation de l’eau de moins bonne qualité exige toutefois certaines mesures d’entretien pour éviter la contamination des sols.
Consommer moins d’eau est une nécessité dans un contexte de croissance de la population, au détriment de nos réserves de ressources naturelles. L’arrosage goutte à goutte s’inscrit comme une solution écologique et durable sous toute la ligne. S’ils sont bien entretenus, les systèmes de micro-irrigation peuvent perdurer de 15 à 20 ans. Longue vie aux petits et grands projets verts !
Dans le prochain article nous aborderons étape par étape, pièce par pièce l’installation d’un système d’irrigation, de la sortie d’eau à la première goutte.